Boite en or représentant Jean Jacques Cambacérès
Jean Baptiste Fossin – Gabriel Raoul Morel – Pauline Augustin
Maitres Éric Beaussant & Pierre Yves Lefèvre assistés du cabinet d’Emeric & Stephen Portier présenteront le 29 mars 2017 une boite en or jaune ornée d’une miniature ovale figurant Jean-Jacques Cambacérès en archichancelier de l’Empire portant ses décorations (Légion d’honneur, plaque, étoile, écharpe et les ordres prussiens de l’aigle noir en plaque et l’aigle rouge au cou ), signée en bas à gauche Pauline Augustin, entourée de volutes fleuronnées, d’une frise de branches de chêne et myrte croisées et de quatre abeilles aux angles. Le fond porte les armes de Jean Jacques Cambacérès, Duc de Parme.
Elle est marquée « Fossin joaillier à Paris », sur la gorge et porte les poinçons de l’orfèvre Gabriel Raoul Morel et de Paris pour la période 1819-1838. Présentée dans son écrin d’origine en cuir rouge portant sur le fond l’étiquette « FOSSIN joaillier Bijoutier, rue Richelieu, n°78 à Paris »
Jean Jacques Cambacérès était issu d’une vieille famille de la noblesse de robe, après des études de droit, il devient avocat et prend en 1771, la succession de son père dans sa charge de conseiller à la Cour des comptes, aides et finances de Montpellier, sa ville natale.
En 1792, il est élu à la convention comme député de son département. Il pourvoit à la défense et la présentation des projets délibérés par le Conseil de législation et présente un projet de code civil. Élu au Conseil des Cinq-Cents, puis ministre de la justice en 1798, il devient deuxième consul, chargé de l’organisation des pouvoirs judiciaires et de la préparation des lois. Chancelier de France, Président du Sénat, archichancelier de l’Empire, il est fidèle à l’Empereur qui le fait duc de Parme en 1808.
En 1814 à la chute de Napoléon il s’exile à Bruxelles, en 1818, il obtient l’autorisation de revenir en France et meurt le 1er mai 1824 à Paris.
Cambacérès affectionnait les tabatières, qu’il collectionnait. Etienne Léon de Lamothe Langon dans son ouvrage « Les après diners de SAS Cambacérès second consul, prince chancelier de l’empereur, duc de Parme » publié en 1837 écrit « Chaque fois qu’un auteur lui dédiait un ouvrage et lui faisait un beau cadeau, c’était une tabatière d’or avec son portrait, une bague en diamant, une riche épingle … »
La boite a dû être réalisée entre 1819 (poinçon de Pégase mis en service le 16 août 1819) et 1824 (année de la mort de J.J. Cambacérès).
Bien qu’elle ait été réalisée sous la Restauration, après son exil en Belgique et son retour en France en 1818, elle figure Cambacérès en altesse sérénissime, archichancelier de l’Empire, duc de Parme, arborant ses décorations : la Légion d’honneur, les ordres prussiens de l’Aigle noire et l’Aigle rouge. Cette boite a vraisemblablement était commandée par Cambacérès, pour être offerte en remerciement, récompense ou souvenir.
Cette tabatière rassemble dans sa fabrication parmi les meilleurs artisans de l’époque : joaillier, orfèvre et miniaturiste.
Elle est marquée sur sa gorge « Fossin joallier à Paris ».
Jean Baptiste Fossin (1786-1848) reprit la maison de François Regnault & Etienne Nitot joaillier de l’Empereur en 1815. Il menait de front des travaux de bijouterie, joaillerie, objets d’art, c’était un dessinateur et un créateur de premier ordre. Il s’installa rue de Richelieu à Paris. Comme d’autres joailliers Jean-Baptiste Fossin faisait appel à des boitiers indépendants pour répondre aux commandes importantes ou spécifiques, parmi eux Gabriel Raoul Morel.
Gabriel Raoul Morel (1764-1832) était spécialisé dans la fabrication de boites en or. Il insculpa son poinçon en 1798-1799 et succéda à Victoire BOISOT BLERZY (veuve d’Etienne Lucien Blerzy) vers 1812-1813. Il est considéré comme un des meilleurs fabricants du début du XIXe siècle. Plusieurs de ses boites sont conservées au Louvre, au Metropolitan muséum de New York, au Victoria & Albert Museum… Boitier indépendant il fournissait les grands joailliers de l’époque : Martial Bernard, Armand Marguerite, Ouizille et Petit-Jean. Ces joailliers collaboraient avec certains orfèvres, en particulier pour les commandes importantes de tabatières diplomatiques ou des boites de présent.
Au XIXe après les tourments de la Révolution, le couronnement de Napoléon marque la renaissance de l’art de la tabatière en or. De nombreuses boites au chiffre de l’empereur ou à son effigie sont offertes en cadeau diplomatique. Sous la Restauration la tradition des boites en or de présent perdure.
Les boites en or à portraits varient dans leur forme et leur décor. Dans la période 1819 -1830 , elles sont souvent rectangulaires à coins arrondis, ornées d’une miniature ovale dans le sens de la longueur, le portait se détache sur un fond ciselé de feuillages naturalistes organisés à partir de motifs d’angles, ici , les abeilles et les branches de laurier et myrtes qui évoquent le vocabulaire ornemental impérial.
La miniature est l’œuvre de Pauline Augustin née du Cruet de Barailhon (1781-1865), fille de Germain Ducruet secrétaire du Roi. Elle fut l’élève de Jean-Baptiste Augustin (1759-1832), un des plus grands miniaturistes au XIXe avec Isabey, peintre officiel de la cour impériale, puis devint son épouse en 1800. Son style est proche de celui de son époux spécialisé dans la réalisation des portraits en particulier pour la miniature montée sur des tabatières. Elle expose au salon de 1827 à 1838.
Bibliographie :
- Bijouterie française au XIXe vol 1 – Consulat, Empire, Restauration, Louis Philippe, Paris 1906
- Les tabatières du musée du Louvre, Serge Grandjean Paris
- Sylviane HUMAIR, Gazette de Drouot : Boites d’or au XIXe, la renaissance (n°9 – 3 mars 2000) Les tabatières des grands joailliers du début du XIXe (n°18 –mai 1986) Les boites en or à portraits du XIXe (n°5 – 3 févriers 1989)
Rapport de condition:
Informations pratiques :
- Mes E. Beaussant & Pierre Yves Lefèvre – Cabinet Emeric & Stephen Portier
- Exposition : mardi 28 mars de 11 h à 18 h
- Vente : mercredi 29 Mars 2017 à 14h
- Salle 3 – Drouot-Richelieu, 9, rue Drouot 75009 Paris