BOITE EN OR TABATIERE PIERRE FRANCOIS GRAIS PARIS 1765 1766 SNUFFBOX 1Tabatière rectangulaire à pans coupés en ors ciselés de deux tons montés à cage, sertie de plaques d’agate blanche, les six faces ornées chacune de miniatures ovales figurant un couple et quatre enfants. Il pourrait s’agir des portraits de Louis Philippe d’Orléans duc de Chartres dit « le gros duc », madame de Villemomble, sa fille Anne Camille et les trois enfants du duc de Chartres et de Madame de Villemomble : Louis Etienne, Louis Philippe et Marie Perrine Etiennette future Comtesse de Brossard. Chaque miniature dans un entourage gravé de tors pour les enfants et de branches de laurier et rubans noués pour les miniatures principales du couvercle et du fond.

La gorge de la boîte gravée « Drais à Paris ».

  • Paris, 1765-1766
  • Maître Orfèvre : Pierre-François Drais, reçu en 1763.
  • Dans son écrin en forme, en galuchat doublé de velours beige.
  • Hauteur : 3 ,5 cm, Longueur : 7,5 cm, Largeur : 5,6 cm
  • Poids brut : 177.7 g

Pierre-François Drais (1726-1788), cousin et élève de Jean Ducrollay, bijoutier du roi, place dauphine, fut reçu en 1763 et exécuta de nombreuses tabatières consignées dès 1770 sur les comptes des Menus Plaisirs ainsi que dans les registres des Présents du Roi .Il participa aux cadeaux de mariage du dauphin et du comte d’Artois.BOITE EN OR TABATIERE PIERRE FRANCOIS DRAIS PARIS 1765 1766 SNUFFBOX 5

Il eut pour collaborateurs Tiron de Nanteuil, Charles Ouizille, le graveur Debêche, les miniaturistes Jacques Joseph de Gault et Van Blarenberghe.

Il est l’un des orfèvres les plus renommés de son temps et ses boîtes font partie de grandes collections privées et sont conservées dans de nombreux musées ; notamment au musée du Louvre, au Victoria and Albert Museum, à la Wallace Collection et à Waddesdon Manor.

Comme indiqué dans l’ouvrage de H. NOCQ notre tabatière présente un marquage difficilement lisible caractéristique de l’œuvre de ce joaillier.

Le poinçon de Pierre François DRAIS comprend les initiales PFD (différend : un cœur) la marque rencontrée sur les tabatières de Pierre François DRAIS est le plus souvent PD ou JD avec un différend peu lisible. 

Elle est signée sur la gorge de face, « Drais à Paris » en lettres cursives. Cette signature est identique à celle figurant sur une tabatière à pans coupés, émaillé vert à décor de grisaille de 1769-1770 conservée au musée de Louvre (OA6777) .

L’apparition du tabac au XVIe suscita un vif engouement en Europe, on fume la pipe ou on prise le tabac. Son usage devint un véritable phénomène de mode sous Louis XIV, puis tout au long du XVIIIème siècle.

En France, la tabatière destinée à contenir le tabac à priser connut un véritable succès à la fin du règne de Louis XIV, elle était devenue un accessoire indispensable dans la représentation sociale des hommes et des femmes du siècle des Lumières et sa diffusion se propagea dans toute l’Europe.

Posées sur une table ou logées dans une poche, il s’agît de boites qui doivent fermer hermétiquement pour conserver la poudre de tabac. Elles sont en bois, cuir, argent et or suivant les goûts et les moyens …Rois, seigneurs et dames de cours prisaient, l’art de prendre ou d’offrir une prise faisait alors partie des belles manières.

La fabrication de ces tabatières constitue une des spécialités les plus importantes de l’orfèvrerie au XVIIIe. Les tabatières en or jaune, sont réalisées par des orfèvres bijoutiers spécialisés dans la création de menus objets.

Sous les règnes de Louis XV et Louis XVI, les orfèvres parisiens Ducrollay, Drais et Ouizille étaient spécialisés dans la fabrication de ces précieuses boîtes en or.

De forme contournée dans les premières années du XVIIIe, les tabatières dans la décennie des années 1740 adoptent un modèle rectangulaire plus sobre. La tabatière est alors une « nécessité sociale » attestant de la richesse et du bon goût de son possesseur.

Elles sont en or imitant la soierie à motifs de fleurs, émaillées en plein ou cloisonnées, garnies de gouache, plaques de laque du japon, de pierres ornementales ou comme la nôtre agrémentées de portraits.

Les boites ornées de portraits miniatures sont le plus souvent sertie sur le couvercle d’un portrait ou d’une série de portrait représentant une famille.

Les miniatures étaient initialement placées dans le couvercle, elles se détérioraient au contact de la poussière de tabac, c’est pourquoi vers 1720 les miniatures furent placées sur le couvercle. Elles étaient remises par le monarque, l’empereur, en marque de faveur, de remerciement ou à titre privé en gage d’amitié ou d’Amour.

Notre boite fait partie de cette seconde catégorie, elle fut assurément offerte à titre privé et familial.

Au regard de l’étude des portraits il pourrait s’agir de Louis-Philippe d’Orléans, dit « le Gros », de sa maitresse Mademoiselle Le Marquis dite Madame de Villemomble et de leurs enfants.

Louis-Philippe d’Orléans, dit « le Gros » (1725 – 1785) est fils de Louis, duc d’Orléans, dit « le Pieux » (1703-1752), petit-fils  de Philippe d’Orléans, « Le Régent » . A la mort de son père en 1752, il devient duc d’Orléans, de Valois, de Nemours et de Montpensier. Il est le père de Philippe Égalité, et le-grand-père de Louis-Philippe Ier, roi des Français.                                         

BOITE EN OR TABATIERE PIERRE FRANCOIS GRAIS PARIS 1765 1766 SNUFFBOX 2

En 1743, il épouse Louise Henriette de Bourbon Conti, son mariage ne fut pas heureux, en 1757 il remarqua Marie Pierrette Le Marquis dite Madame de Villemomble (1737-1806) qui devient sa maitresse en titre.

Mademoiselle Le Marquis dite Madame de Villemomble, née le 26 décembre 1737 près de Dinan et morte le 9 février 1806 à Paris, danseuse à l’opéra, eut successivement pour protecteur Gabriel Louis François de Neufville (1731-1794), marquis de Villeroy et Louis Philippe d’Orléans ,duc d’Orléans, Premier Prince du sang.

BOITE EN OR TABATIERE PIERRE FRANCOIS GRAIS PARIS 1765 1766 SNUFFBOX 3Elle eut quatre enfants de ses deux  protecteurs qui pourraient  correspondre aux  quatre  portraits d’enfants figurant sur les panneaux  latéraux de notre boite .

De sa liaison avec  Gabriel Louis François de Neufville de Villeroy, elle eut une fille Anne-Camille, née en 1753, future comtesse de Vassan, qui aurait douze ans sur cette miniature.  

En 1757, elle devient la favorite du duc d’Orléans. De leur union naquit le 21 février 1759 à Paris,  Louis Étienne de Saint-Farre, futur abbé de Cour et dernier abbé de l’abbaye Notre-Dame de Livry sous le nom de Saint-Phar et des jumeaux le 7 juillet 1761, Louis-Philippe, futur comte-abbé de Saint-Albin, et  Marie Perrine Étiennette d’Auviliers, future comtesse de Brossard.

 

 

Les enfants de Mademoiselle Le Marquis furent reconnus par leurs pères respectifs et reçurent une éducation soignée.

Sur ces miniatures, Louis Etienne aurait six ans et les jumeaux, Louis Philippe et Marie Perrine, quatre ans.BOITE EN OR TABATIERE PIERRE FRANCOIS GRAIS PARIS 1765 1766 SNUFFBOX 4

Louis-Philippe d ‘Orléans offrit à Mademoiselle Le Marquis, en février 1767, la seigneurie de Villemomble. Bien que lié à Madame de Montesson qu’il épousera en 1772, il resta ami avec Madame de Villemomble, afin de continuer à la rencontrer « amicalement », il l’autorise même à ouvrir une porte dans le mur du parc de son château du Raincy qui jouxtait la propriété de Villemonble.

Notre boite à caractère familial est à rapprocher de celles conservées dans la collection de James Rothschild à Waddeson Manor,  boite de Jean Marie TIRION réalisée  en 1765-66 , où  figurent huit portraits des filles de Louis  XV  (WI/48/5) ou encore celle du Metropolitan Museum de New York, datée de1749-50 de Jean Ducrollay représentant les membres de la famille royale, portraits de Louis XV et Marie Leszczynska avec leurs enfants (Accession Number 1976.155.21).

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *