Mes Chantal et Brice Pescheteau Badin assistés du cabinet d’Emeric & Stephen Portier présenteront le 19 mai à l’hôtel des ventes de Drouot un bel ensemble d’ornements de corsage et pendentifs appelés en Espagne « Habitos, Veneras ou encomiendas ».
Ces bijoux sont pour la plupart signes d’appartenance à de grands ordres militaires espagnols. Décorés en émaux polychromes, ils étaient portés en pendants, suspendus ou cousus au vêtement, parfois ornés de diamants ou de cristaux de roche. Leur usage était féminin et masculin, militaire et dévotionnel.
Ces bijoux sont ornés de croix des grands ordres militaires espagnols ; ordre de Saint Jacques, de Calatrava, d’Alcantara et de Montesa.
Les ordres militaires en Espagne sont liés à la Reconquista, c’est à dire la reconquête par les chrétiens des territoires de la péninsule ibérique occupés par les « Maures », ainsi qu’aux pèlerinages en Terre Sainte.
L’ordre de Saint Jacques fut fondé en 1170, ordre militaire et hospitalier, il participait à la protection des routes empruntées par les pèlerins et des maisons où ils faisaient étapes. La croix de Saint Jacques est constituée d’une épée rappelant le caractère guerrier de l’apôtre. Figure dans la vente un élément de parure en or jaune et argent ajouré, à décor de croix de Saint-Jacques sur une pierre jaune, dans un entourage rayonnant serti de pierres d’imitation, retenu par une boucle en forme de nœud, daté du XIXème siècle. (Catalogue N°94)
L’ordre de Calatrava tient son nom de la forteresse Qal’at Rabah située en Castille, reconquise sur les Maures en 1147 par les Templiers. Cette forteresse fut ensuite confiée à la communauté qui fut érigée en ordre militaire par une bulle du pape Alexandre IIII en 1164. Les chevaliers de Calatrava furent très actifs jusqu’à l’expulsion des Maures.
La Croix de Calatrava à quatre branches de taille égale, terminées par des fleurs de lys orne plusieurs pendentifs de cette vente , un de forme ronde en or jaune double face serti de médaillons en émaux polychromes sur fond blanc, dans un entourage de fleurs ( N°90). Un autre, en or jaune de forme ovale festonné, orné en applique d’une croix de Calatrava émaillée rouge sur un fond de nacre. Le revers à décor émaillé polychrome sur fond blanc (N°91). Enfin, un pendentif rond en émeraude, la monture en or jaune stylisant un cordage orné en applique d’une croix fleurdelisée émaillée rouge, datant du XVIIème siècle.
Des pendentifs similaires sont conservés au musée Lazaro Galdiano de Madrid (N° 844 & 827) ainsi qu’au Victoria & Albert Museum à Londres (M.308-1910).
Pour l’anecdote, l’horloger Patek Philippe a fait de la Croix de Calatrava son emblème!
L’ordre de Malte, crée après la conquête de Jérusalem par les Croisés était un ordre monastique et militaire dont la fonction était de secourir et protéger les pèlerins. Charles Quint offrit l’île de Malte à l’ordre. Dans la vente, un pendentif quadrilobé en or jaune à décor émaillé polychrome sur fond blanc, d’une croix de Malte et de fleurettes. (Catalogue N°92)
Un décret de Philippe III d’Espagne (1598-1621) daté de 1603 ordonna aux ministres de la Sainte Inquisition de porter un insigne sur leurs vêtements en signe de reconnaissance lors des cérémonies officielles et religieuses. Sous Philippe IV (1621-1640) les grandes familles aristocratiques portent ces bijoux marque de leur appartenance à un ordre militaire.
Ces éléments de parure témoignaient de la piété et de la « limpieza del sangre » de la personne qui le portait. Le bijou est alors signe fort d’appartenance à un groupe social.
En témoignent les tableaux de Juan Carreño de Miranda portraitiste du roi Charles II et de la reine régente Marie-Anne d’Autriche, figurant le duc de Pastrana conservé au Prado ou celui de Don Pedro de Barberana y Aparregui chevalier de l’ordre de Calatrava peint vers 1631–32 par Diego Velázquez.
Le décor floral émaillé de ces pendentifs, en entourage ou au verso est à rapprocher des gravures des ornemanistes du XVIIe, en particulier de celles de Jean Vauquer (Livre de fleurs pour orfèvre et graveurs, vers 1680, Blois) ou celles de Gédéon et Gilles Legaré (Livre des ouvrages d’orfèvrerie, 1663), qui circulent alors dans toute l’Europe.
Le pendentif (catalogue N°95) de forme ronde en or jaune ajouré, rayonnant, serti de
pierres d’imitation blanches est décoré de fleurs et rinceaux sur fond bleu au revers, inspirés de ces recueils de gravures. Au centre un médaillon ouvrant à charnière devait probablement contenir un portrait.
Les revers de ces bijoux sont émaillés pour les plus anciens et gravés pour les plus récents (lot 94).
A signaler, la broche figurant une agrafe en or jaune sertie d’un diamant de taille ancienne, supportant une perle de culture poire en pampille et retenant un cheval en or émaillé blanc. Le front et la crinière de l’animal sertis de diamants tables. (N°96 de la vente).
Ce bijou n’appartient pas aux bijoux insignes du XVIIe siècle, il est probablement espagnol, daté du XIXème siècle, dans le goût des bijoux de la Renaissance. Il a pour modèle, les pendentifs zoomorphes et colorés, crées sous la Renaissance pour se détacher sur les vêtements de couleurs sombres. Suspendus à une chaine ou à une épingle, ils représentaient un bateau, un monstre marin, un perroquet… ici un cheval qui pourrait symboliser la course du soleil.
Informations pratiques :
- Mes PESCHETEAU – BADIN assistés du cabinet Emeric & Stephen PORTIER
- Vendredi 19 mai 2017 à 14h00 à DROUOT RICHELIEU – Salle 3
Expositions Publiques :
- Jeudi 18 mai de 11h à 21h
- Vendredi 19 mai de 11h à midi