Maîtres Éric Beaussant et Pierre-Yves Lefèvre disperseront les 23, 24 et 25 octobre prochains à Drouot les Collections de Maître Jean-Claude Delauney, avocat honoraire, ancien Bâtonnier de Caen.
Parmi ces collections un bel ensemble de tasses à vin ou tasses de qualité muséale, de la juridiction de Rouen (Rouen, Cany, Caudebec, Fécamp) et de celle de Caen (Avranches, Bayeux, Caen, Coutances, Villedieu les Poêles).
On a longtemps parlé de façon impropre de tasse à cidre pour ce modèle caractéristique, propre à la Haute Normandie.
Modèle en argent uni, large et généreux, à fond plat sans décor, si ce n’est le nom du propriétaire sur le bord et l’appui pouce, gravé de feuillage ou d’une scénette accompagnée d‘un aphorisme.
Il s’agit de tasse à oreille ou tasse à vin commandées aux orfèvres par les négociants, les cultivateurs, tanneurs, toiliers….
Certes la Normandie est plus une région de cidre que de vin, mais on sait qu’ au XVIIIe quelques parcelles de vigne étaient cultivées sur les coteaux de la Seine.
Ces tasses constituaient surtout une valeur refuge.
Ces tasses portent toujours le nom de leur propriétaire (homme ou femme !) parfois agrémenté d’un motif décoratif, plume, branche ….
Le modèle de ces tasses évolue au cours du temps.
A la fin du XVIIe – début du XVIIIe les appuis pouces sont en forme de coquille gravés de motifs feuillagés, comme l’illustre la tasse N° 138 de la vente : Tasse à vin en argent uni marqué « G.NEEL». L’anse anneau à appui pouce découpé gravé de feuillages. ROUEN 1712, Maître Orfèvre: Daniel II MAMEAUX.
Dans les années 1720 apparait la mode des gravures de devises ou aphorismes qui perdurera jusque vers 1780.
Ces devises ont pour sujet l’Amour, les appuis pouce sont gravés de putto et portent des devises sans équivoque « Flambeau de l’amour » ( N°131- Fécamp vers 1760), « Je n’en veut qu’à vous » (N°128, CANY, deuxième moitié XVIIIe, Maître Orfèvre: Pierre DESHAYS), « L’amour nous unit » (N°129, CAUDEBEC vers 1770, Maître Orfèvre: Jean-Jacques AMELINE) « Je le porte partout » (N°130, FECAMP vers 1755 – 1757 )
Certains sont empreints d’humour, tel celui figurant un amour ailé tenant une flèche et un tourne broche fiché de cœurs, gravé «J’EN FAIS DES ROTIES » !! . (N°142, ROUEN 1715).
Autre sujet : le jeu, « LE CABRIOLE » (N°139, Rouen 1765), le vin « Au petit cabaret » (N°141, ROUEN 1756-1762).
Outre ces tasses à vin normandes seront présentés des tastes vin ou goutes vin en argent uni à ombilic posant sur une petite bâte filetée de BORDEAUX (N°219 & 220).
Modèle propre à Bordeaux, uni de forme tronconique évasée, sans anse dont le fond constitue un ombilic fortement bombé.
Figurent également à la vente plusieurs tasses à vin plus classiques à décor de godrons tors et frises de points, l’anse serpents affrontés de Falaise (N°173) , Paris (N°191 et 192), de Bourgogne : Macon (N°248 & 249), Beaune (N°250) ou uni, Angers (N°244), Orléans (N°251)…
Enfin une rare tasse de chasse de Saint Maixent, de forme oblongue à légers contours, les bords incurvés godronnés, présentant à l’extrémité un anneau de suspension à attache cordiforme.
Les tasses de chasse sont de forme ovale à fond arrondi munies d’un anneau de suspension à une extrémité, elles étaient destinées à être glissées dans la poche lors de chasses. Elles se rencontrent principalement dans les juridictions d’Angers et de Poitiers.
Information :
- Vente aux enchères – Drouot Richelieu – Salles 5 & 6
- Mercredi 23 octobre à 13h30 : Livres et orfèvrerie
- Expositions Publiques : mardi 22 et mercredi 23 octobre 2019