Le cérémonial de la toilette né au XVIIe autour de la personne royale a donné lieu à la création de mobilier et objets d’apparat. La toilette devient un moment de Représentation.
Peu à peu ce cérémonial et le mobilier qui y est attaché se répand à l’aristocratie donnant lieu à des nécessaires fastueux fait pour être vu et témoigner de la richesse de leur possesseur.
La toilette se déroule alors dans la chambre lieu de réception et de paraitre plus que d’intimité.
A l’origine le mot toilette désigne l’étoffe sur laquelle sont posés les accessoires puis par extension l’ensemble des objets la composant.
Les objets de toilette sont réunis en nécessaire ou service de toilette au cours du XVIIe. Ces nécessaires sont décrits dans les inventaires royaux mais peu ont survécu aux fontes ordonnées par Louis XIV.
Cérémonial de la toilette.
« Autour d’un miroir de chevalet éclairé de flambeaux se répartissent coffrets, pelotes à épingles, boîtes à poudre, pots à fard, brosses, aiguière et bassin, disposés à la vue de ceux à qui l’on accordait audience tout en se faisant coiffer ».
Ces nécessaires différaient suivant qu’ils étaient destinés à un homme ou une femme. Ils comprenaient miroir, boites à éponges, bassin & aiguière, boites à poudre … pots à fard ou pots de toilette.
Les pots à fards étaient généralement présentés sur un plateau présentoir à pied dit « salve ». Deux exemples sont conservés aux musées des Arts décoratifs de Bordeaux (Jean Charles Fauché, Paris 1449-50) & Strasbourg. Leur usage s’est poursuivi jusqu’au XVIIIe siècle.
Il s’agissait de petit récipient pouvant être en argent mais aussi en faïence ou en porcelaine. Saint-Cloud proposa de nombreux ensembles de pots contenant les fards. Ces pots cylindriques, complétés d’un couvercle à prise en bouton, étaient réalisés en plusieurs grandeurs suivant leurs fonctions.
On distingue les boites à poudre, les pots à onguent, à opiat (pour les dents), à fard …
Le fard constituait l’indispensable touche finale à la toilette. Depuis l’Antiquité grecque, on utilisait la céruse (oxyde de plomb), sur le visage, le cou, parfois les bras et la naissance de la gorge. Dès la fin du XVIe siècle, on se farde pour avoir le teint blanc. L’usage du fard donne l’illusion d’un visage pur, exempt de toutes taches, de toutes cicatrices. Il permet de dissimuler les rougeurs, les couperoses provoquées par la nourriture très épicée et par les vins. La blancheur du visage est symbole de pureté et de distinction de l’aristocratie.
Autre couleur de fard le rouge, symbole de séduction, il fut utilisé par Louis XIV et par les membres de la cour à sa suite.
Notre paire de pot à fard provient certainement d’un nécessaire. Elle a été réalisée vers 1715 par Jacques DELAVIGNE, orfèvre reçu en 1714. I
Les pots posent sur un piédouche à bordure de godrons et sont ornés à mi-corps d’appliques de motifs de lambrequins, godrons alternés sur fond amati délimités par un jonc. Le col est souligné d’une frise ciselée de lambrequins et de filets. Les couvercles à doucine sont bordés d’une moulure de godrons, la prise en forme de fruit sur tertre godronnée rayonnant.
Les motifs de lambrequins en applique sur un fond légèrement amati ou encore la frise gravée sur le col frise de volutes témoignent des décors en vogue au début du XVIIIe. Le décor ornant le corps : alternance de lambrequins et godrons alternés est à rapprocher de celui d’une timbale de Louis BELLANGER, Paris 1722 (collection Jourdan Barry) . Ce modèle étant courant dans les années 1710 -1720.
Objets rares cette exceptionnelle paire de pots à fard a été adjugée 38.000 euros par Me Olivier Doutrebente assisté du cabinet d’Emeric & Stephen PORTIER.
Informations :
- Vente du 10/04/2018 à Drouot
- Etude DOUTREBENTE
- Adjugé : 38.000e
- Bibliographie : Les orfèvres et l’orfèvrerie de Paris au XVIIe siècle – Michèle Bimbenet Privat Tome II Paris Musées